Visites
Le jeudi 08 novembre 2018, l’Instance Bassin EFE du Brabant wallon a organisé deux visites autour du secteur Horeca avec d’un côté le monde de l’emploi, le Martin’s Agora de Louvain-la-Neuve, et de l’autre celui de la formation en alternance, le CEFA de Court-Saint-Etienne.
Cette journée de visite a accueilli une trentaine de participants venant du secteur de l’emploi, de l’insertion socioprofessionnelle et de l’enseignement. Une belle participation qui témoigne d’un intérêt pour le secteur.
Martin’s Agora Louvain-la-Neuve
La journée débute par une visite de Martin’s Hotels. Nous sommes accueillis par Alicia Van Damme, Sales executive, Muriel Siméon, responsable RH, et Emmanuel Didion, directeur de l’hôtel, qui nous emmènent visiter leurs infrastructures.
Martin’s Hotels est un grand groupe hôtelier qui rassemble 13 hôtels en Belgique, dont 7 situés dans le Brabant wallon (Genval, Louvain-la-Neuve, Tubize et Waterloo). C’est une entreprise familiale, initialement importateur et brasseur, qui occupe également le secteur de l’hôtellerie. Martin’s Agora rassemble à Louvain-la-Neuve 2 hôtels : le Martin’s Louvain‑la-Neuve*** et le Martin’s All Suites****.
Au total, Martin’s Agora propose 210 chambres, respectivement 108 chambres*** et 102 suites****, une brasserie, un bar à vins, des salles de séminaires et de conférences, un espace de coworking, des appartements seniors ainsi qu’un fitness & wellness club (le Martin’s City Spa). Le pôle hôtelier se distingue par sa situation. En effet, Louvain-la-Neuve n’étant pas un lieu touristique mais plutôt une ville universitaire, l’hôtel entend se différencier du marché en se positionnant comme resort urbain proposant des chambres accessibles financièrement.
Tous les espaces (hormis les chambres et les suites) sont ouverts tant aux personnes internes (clients) qu’aux personnes externes à l’établissement. La Brasserie B’Comme propose une cuisine traditionnelle à sa clientèle. En restauration, il est de plus en plus difficile de trouver des profils adéquats, surtout les jeunes pour lesquels les horaires (weekend et service coupé) ne conviennent pas. Face à ce problème de recrutement, Martin’s Hotels a travaillé sur son attractivité auprès des (futurs) travailleurs en adaptant les horaires et en arrangeant la répartition des tâches. Pour cela, il propose une cuisine plus traditionnelle avec moins de finition, plus de produits locaux mais un travail de préparation (nettoyage, découpe, etc.) plus important. Ce système permet de réduire les services coupés des travailleurs. De plus, le groupe Martins Hotels offre de nombreuses possibilités de progression via ses différents établissements, chacune avec ses spécificités (traditionnelle, moderne, etc.). « La chaîne permet de faire grandir les gens. »
D’autres espaces communs sont également disponibles pour le public. L’espace Wine Bar propose des concerts en collaboration avec la Ferme du Biéreau. Des ateliers culinaires y sont également organisés. Martin’s Agora collabore également avec l’école Charles Péguy en offrant ses infrastructures comme lieux de cours. L’espace coworking est un espace ouvert qui offre toutes les facilités aux personnes désirant travailler dans un espace partagé. Enfin l’espace wellness & fitness se développe encore. Etant donné les pics d’activité importants difficiles à gérer, l’hôtel engage, pour l’instant, principalement des intérimaires et il les forme. Martin’s Hotels attend que ce centre fonctionne mieux pour les engager définitivement.
Tous ces espaces communs sont entretenus par une équipe propre à l’établissement. Par contre, les chambres sont nettoyées par du personnel Housekeeping externe. Chaque étage correspond à une catégorie (*** ou ****). Martin’s Hotels a pensé l’ergonomie des chambres en faisant le lien avec le travail du personnel Housekeeping. Ainsi, les chambres disposent de moins de meubles volants. Les lits sont plus bas que la moyenne. Si le temps de travail dépend de la structure de la chambre (qu’elle soit *** ou ****), il dépend également du type de séjour (court ou long) mais également du moment (couche, découche ou recouche).
Martin’s Hotels collabore également avec des écoles, notamment via le projet Go2Reve. Il travaille étroitement avec l’école privée Charles Péguy, située à Louvain-la-Neuve, mais également avec l’école hôtelière de Namur. Emmanuel Didion est également enseignant dans ces deux implantations. L’établissement accueille également des apprenants en alternance et des élèves en stage d’immersion.
L’hôtel accueille davantage de stagiaires étrangers que de Belges. Les principales raisons sont que, en Belgique, (1) les stages sont plus courts et (2) non rémunérés. Un défraiement peut donner le goût du travail au stagiaire. De plus, vu le rythme scolaire, les stages ont lieu tous au même moment. L’hôtel ne peut pas accueillir trop d’étudiants afin de pouvoir proposer une formation de qualité. Lorsqu’un stagiaire reste un an, il a l’occasion de découvrir les différents services de l’hôtellerie et de choisir une spécialisation (la réception ou le Housekeeping). Par contre, en deux mois, un stagiaire ne bénéficie que d’un apprentissage de base.
En Brabant wallon, les réceptionnistes doivent connaître le Néerlandais. Les écoles doivent être en phase avec la réalité du terrain.
Les écoles étrangères et/ou privées sont généralement très qualifiantes. Elles préparent mieux au monde professionnel. Si cela est très bénéfique pour un employeur, cela peut être également un inconvénient pour l’étudiant. La formation des écoles belges, comme à Namur, sont plus polyvalentes, et donc moins professionnalisantes. Elles permettent d’acquérir un bagage plus général, qui permet davantage la réorientation ou des autres perspectives professionnelles.
Pour terminer la visite, nous assistons à une présentation du groupe hôtelier par Alicia Van Damme. Muriel Siméon, RH Manager, présente le secteur Horeca. Il emploie des personnes peu qualifiées et offre une possibilité de progression ou d’évolution (que ce soit en interne ou non). Outre ses métiers spécifiques, le secteur, et particulièrement l’hôtellerie, engage également de nombreux métiers présents dans de nombreuses entreprises : les métiers de l’informatique, du commerce, liés aux ressources humaines, des électriciens, etc.
Dans un recrutement, la personnalité du candidat joue un rôle déterminant. Chez Martin’s Hotels, de nombreuses personnes, sans qualification ou diplôme, sont engagées. En effet, de nombreux métiers de l’Horeca peuvent s’apprendre sur le terrain. Le groupe recrute beaucoup de personne qu’il forme en interne. Lors de l’entretien, un employeur va plutôt faire attention aux compétences transversales dits « soft skills », c’est-à-dire la politesse, la présentation, la courtoisie, etc.
Aujourd’hui, les futurs collaborateurs ont des attentes souvent différentes de celles de leurs employeurs, par exemple, concernant l’équilibre vie professionnelle/vie privée, la flexibilité. Se pose alors la question de savoir si les entreprises sont capables de gérer ces jeunes, par exemple, ceux qui souhaitent des contrats « freelances ». Le Martin’s Hotels apporte une attention particulière à l’accueil des nouveaux collaborateurs.
L’alternance est sous-représentée dans le groupe. Il y a peu de contrat d’alternance que ce soit en salle ou en réception. L’alternance n’est pas considérée comme un stage mais comme un type de contrat. Le public de l’alternance est souvent jeune. Malheureusement, les horaires de certaines fonctions ne leur sont pas ouverts. Toutefois, même si l’alternance est sous-représentée, elle mériterait d’être davantage développée.
Nous terminons la matinée par une intervention de Renaud Bolly, chargé de communication pour le Centre de Formation et de Perfectionnement du secteur Horeca. Il nous informe que les formations sont ouvertes aux demandeurs d’emploi à certaines conditions (par exemple, avoir travailler au moins un jour dans l’Horeca au cours de la dernière année), et non uniquement aux membres de la CP302. En parallèle, le Centre organise des formations qualifiantes, uniquement à destination des demandeurs d’emploi. En moyenne, ce sont 200 personnes formées par an. Les formations finissent par des stages limités à 240h. Le centre travaille également sur les soft skills. Monsieur Bolly explique que les formations se développent selon les besoins ponctuels du secteur (par exemple, ouverture d’un hôtel). Il nous annonce que le secteur a de besoins importants en personnel à venir, notamment à Namur.
CEFA Court-Saint-Etienne
Nous poursuivons ensuite notre visite au CEFA de Court-Saint-Etienne. Nous sommes accueillis par l’équipe du CEFA. Un repas est préparé par les élèves de la section Horeca. A la fin de cet excellent repas, nous félicitons l’équipe en cuisine !
Fabienne Tinant nous présente ensuite le parcours des élèves du CEFA. Ce dernier travaille beaucoup l’orientation des jeunes, notamment en collaboration avec les accompagnateurs et les CPMS. Lorsqu’un élève arrive au CEFA, il commence par une phase de découverte métiers. Les élèves peuvent essayer plusieurs métiers.
Dans la formation de restaurateur, un des objectifs est, pour Rudy Graindorge, chef d’atelier, de veiller à la motivation des jeunes. Avec l’apparition d’émissions télévisées, les jeunes veulent créer avant de maîtriser. Pour maintenir la motivation du jeune et de l’employeur, il est important de les envoyer en stage avec un minimum de savoir de base. Lorsqu’un élève perd son emploi, l’école essaye de détecter le motif réel (conditions de travail, respect de l’employeur, motivation du jeune, etc.). Parfois, l’alternance ne convient pas au jeune. Il est parfois nécessaire de réorienter vers le plein exercice. L’alternance et le plein exercice sont complémentaires et non concurrents.
Les élèves sont présents 2 jours à l’école et 3 jours en entreprise. Les heures de formations professionnelles ont été réduites à 5 heures avec 12 heures de formations générales. Cette diminution des heures professionnelles oblige le CEFA à être beaucoup plus attentif à la formation en entreprise. Le contact entre l’école, les employeurs et le jeune est essentiel, tout comme une évaluation où on confronte les différentes opinions.
Le CEFA de Court-Saint-Etienne est en relation constante avec les secteurs. L’établissement rencontre les fonds de formation et invite le secteur au jury. Les élèves participent également à certaines épreuves sectorielles. Il privilégie l’inter‑échange avec les employeurs : l’employeur observe si la formation correspond aux exigences du secteur et le CEFA adapte si nécessaire sa formation. La filière de restaurateur forme autant à la salle qu’à la cuisine. Sur le terrain, l’élève se spécialise souvent dans un des deux (généralement la cuisine). Au sein du CEFA de Court-Saint-Etienne, on essaie de poursuivre le CAI (Contrat d’apprentissage industriel) car c’est le meilleur contrat selon Fabienne Tinant. L’école regrette que les subsides soient dorénavant octroyés aux contrats d’alternance au détriment du CAI.
Au niveau de l’accompagnement des jeunes et de la recherche d’entreprise, le CEFA rencontre ses élèves le plus souvent possible et veille ainsi au matching employeur-jeunes. La question de la mobilité est récurrente. Au départ, tous les jeunes rêvent de travailler près de chez eux. Ce besoin s’estompe ou diminue suivant l’avancement de la recherche. C’est pourquoi le CEFA s’attache à discuter des projets avec ses jeunes.
Nous terminons l’après-midi par une visite de l’atelier cuisine.
L’instance Bassin remercie ses participants ainsi que le Martins Hotels, le Centre de Formation et de Perfectionnement du secteur Horeca et le CEFA de Court‑Saint‑Etienne pour cette journée riche en découverte, en rencontre et en échange.