Dans le cadre des travaux sectoriels de notre instance, il est souvent envisagé de visiter une entreprise ou un Centre de formation/compétence afin de compléter et enrichir les éléments d’analyse produits.
L’analyse des métiers de l’informatique étant sur le point de se finaliser, il nous trouvait intéressant de visiter une école de codage, reconnue comme originale et constructive.
Ce lundi 31 janvier, une poignée de partenaires s’est donc rendus à l’école 19, Centre de formation situé au sein de la gare centrale à Bruxelles, très accessible en transports en commun.
Notre visite a débuté par une explication sur le fonctionnement de l’école :
« Il y a des jobs sans gens et des gens sans job » nous dit en préambule le directeur de l’école 19, on ne trouve pas de talent en Belgique, il faut y remédier, surtout que le digital a du sens, il faut un projet où il n’y a pas de barrière, gratuit, ouvert 24 h sur 24, basé sur l’aspect ludique, la collaboration, avancer à son rythme, tout en visant l’excellence ». « Un projet de ce type existe à Paris, l’école 42, nous sommes allés les voir ».
L’école 19 est issue de cette méthodologie et existe depuis 2018, la 2ème en Europe et, à présent, 42 campus de ce type existent dans le monde. Pour financer le projet en Belgique, il a été fait appel à des sponsors (Belfius, Proximus et Deloitte notamment) qui, en contrepartie ont accès en priorité à la base de données des apprenants pour leur proposer un stage.
Concrètement, comment se déroule cette immersion :
Après l’inscription sur le site, la passation d’un test en ligne de 2 h portant sur la logique et la mémoire et une séance d’information collective (il n’y a pas de sélection préalable, de diplôme requis ni de connaissance en informatique), les futurs apprenants sont invités à se « jeter à l’eau, dans la piscine » durant 4 semaines. C’est une phase de test grandeur nature, avec une évaluation en fin de parcours, notamment sur leur progression dans le parcours et leur motivation à poursuivre. Ce test se fait en présentiel, dans une salle équipée permettant d’accueillir 150 nouveaux apprenants par session (4 sur l’année), ceux-ci sont plongés dans la réalité du codage.
L’étudiant se retrouve devant son PC, seul pour apprendre à programmer en langage C, on lui demande d’être autodidacte mais il n’est jamais seul, il peut faire appel à l’un ou l’autre étudiant présent (ou virtuellement), il n’y a pas de professeur ni de cours. Cependant, les consignes d’exercices de programmation sont claires, chacun reçoit les mêmes, un examen a lieu chaque vendredi. Très vite se développe l’entraide entre pairs, il y a aussi la présence d’étudiants tuteurs pour épauler les nouveaux. Une charte est soumise aux apprenants dont une des valeurs est la bienveillance.
Il y a 250 postes de travail sur le site et l’âge des apprenants varie entre 18 et 37 ans.
Vu le côté très pratique et l’immersion, certains n’accrochent pas et décident d’arrêter avant la fin de l’expérimentation (1/3 dans les 15 premiers jours), c’est un projet original, une alternative à l’enseignement traditionnel.
Par la suite, toujours dans la même philosophie et dynamique, les étudiants poursuivent leur formation pour une durée de 12 mois en moyenne et, pour les demandeurs d’emploi, un F70 bis est proposé. Pour les motiver à s’autodiscipliner et à rendre les travaux dans les temps, une ligne du temps leur est proposée quant aux échéances des exercices à rendre et les examens à présenter régulièrement. Il y a un tronc commun de programme sur l’année, il y a aussi la possibilité de se spécialiser ensuite (web, réseau, jeux vidéo, …)
Un stage rémunéré de 6 mois est proposé ensuite grâce à la convention CIP (Convention d’Insertion Professionnelle) du Fédéral.
Les apprenants n’obtiendront pas de diplôme en sortant de l’école 19 mais il y a une reconnaissance de l’école 19 sur le marché, notamment pas les sponsors qui les engagent souvent en fin de stages. Certains décideront de se lancer comme indépendant, voire de créer une startup à plusieurs.
Des événements ponctuels complètent ce dispositif : des conférences et des essais pratiques de 2 h, avec notamment l’idée d’augmenter le nombre de femmes apprenantes, mais aussi des informations sur les différents statuts, les droits d’auteur…
Nous avons à notre tour pu tester la piscine à travers « son petit bain », une initiation courte au codage en C.
Nous sommes revenus de notre visite convaincus que ce type d’alternative de formation pourrait séduire des demandeurs d’emploi inscrits en Brabant wallon, reste à les mobiliser.
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